jeudi 27 août 2015

ITE Paille

Cette article relate l'Isolation Thermique par l’Extérieur (ITE pour les intimes) en bottes de paille du pignon nord-est donnant sur le jardin. Un bien beau défi !

Au départ le pignon de 45 m² est en pierre, sans ouverture. Il correspond aux murs donnant sur le premier et le deuxième étage de la maison. Le rez-de-chaussée est enterré. Un appentis avec 2 citernes à fioul y était accolé. Aucun souci pour y mettre une forte sur-épaisseur.

Les cyprès sont coupés
L'appentis est démonté

La première étape consiste à isoler le soubassement. La dalle béton est sciée, par bonheur elle n'est ni épaisse ni ferraillée. Dessous nous trouvons du remblais, relativement facile à décaisser sur 40cm de profondeur. Ensuite 2 couches de 5cm de polystyrène extrudé sont collées au mur. J'ai étudié la possibilité d'isoler en plaques de liège expansé, le coût m'en a dissuadé (35€/m² au lieu de 15 pour le polystyrène).
Mon cher oncle monte ensuite un rang d'agglo de chainage, puis coule du béton avec de la ferraille. C'est sur ce muret que reposera l'ossature bois. Il est impératif que l'ossature soit à au moins 20cm du sol, c'est à dire au dessus du niveau de rejaillissement des pluies. Enfin, l'espace restant est remplie de gravier.
Bien droit le rang d'agglo siou'plait
Il assure le tonton !

L'équipe des charpentiers du pays d'auge est intervenue pour monter l'ossature (145*45) et créer le débord du toit. Ils ont travaillé 2 jours sous la pluie, mais le résultat est là. L'espacement entre montants verticaux est de 47cm, il correspond à la largeur "théorique" d'une botte de paille.
On les voit pas là, mais entre la lisse basse et le faitage, ...
...il y a des équerres fixées au mur.

Avant de commencer à poser les bottes, nous avons mis en place un plastique pour bloquer toute remontée capillaire. Quelque soit la technique utilisée, il est indispensable de créer une rupture capillaire entre le soubassement et la paille.
Et c'est parti ! Après plusieurs essais infructueux, faut se rendre à l'évidence, les bottes de paille de mon voisin agriculteur ne sont pas calibrées à 47cm de large. Une seule solution : les retailler une par une à la tronçonneuse.
Les bottes sont rentrées en force entre les montants en position debout (ficelles verticales). Elles font 37cm d'épaisseur ce qui permet d'obtenir une résistance thermique de presque 7 !

Tonton aime jouer avec une tronçonneuse
Allez Romain, vas y tape, saute, cogne, ça va rentrer !
Entre les montants et le mur, on intercale un isolant végétal (ici une fibre de bois).
22 cm d'écart entre le mur et les montants = doubles équerres
Les rangs se montent petit à petit, une botte couvrant ~0.7m², l'ouvrage avance à vue d’œil. Le pare-pluie est également posé à l'avancement.
ça monte...
Plus que qq rangs
Le deuxième jour, Jean-Sé et Antonin sont venus nous prêter main forte, et ce soir là, nous atteignons le faitage juste avant la nuit.
Et nous voila en haut.
La fine équipe au complet
Le lendemain, Romain, tonton Alain et mon père profite de la présence de l'échafaudage (gentiment prêté par les Charpentiers) pour barder la pointe du toit. Pour le choix du bardage, j'avais trouvé grâce au site de profession bois (http://bois-basse-normandie.com) du chêne local en planches larges (25€/m²). Mais là encore les contraintes budgétaires m'ont fortement orienté vers du douglas traité en promo chez Leroy Merlin (11.5€/m²). Si vous faites du bardage, n'oubliez pas qu'il doit être ventilé en haut et en bas, et que cette lame d'air est munie de grilles anti-rongeur hautes et basses.
L'esthétique est sympa
Acrylique sur les surfaces planes, mortier sur les murs
La semaine suivante les charpentiers du pays d'auge sont revenus finir la couverture du débord du toit et démonter l'échafaudage. J'ai ensuite fini de coller le pare-pluie soit avec du mastic acrylique soit avec un mortier bâtard (2/3 chaux, 1/3 ciment). Maintenant il nous reste à re-poser l'appentis et à barder le bas du mur.

Bilan

Au final, nous avons mis en œuvre ~95 bottes achetées 100€. 17m² d'isolant végétal pour un coût de 120€. La préparation du soubassement nous a pris 1.5 jour. Pour le remplissage de l'ossature, nous étions 3 le premier jour et 4 le deuxième, 2 jours en tout. Enfin les charpentiers ont mis 2.5 / 3 jours pour l'ossature, le débord du toit et la couverture (montage et démontage de l'échafaudage compris).

Si vous voulez vous lancer dans une aventure similaire, je vous conseille de lire :
  • Règles professionnelles de construction en paille, Collectif, Editions Le moniteur. Ce sont les règles de l'art reconnues par le CSTB.
  • La construction en paille, Luc Floissac, Editions terre vivante. 
Je vous conseille également de vous rapprocher des associations locales de promotion de l'éco-construction, comme l'ARPE pour la Basse Normandie.

C'était un chouette chantier, merci à tonton Alain, Romain, Jean-sé, Antonin et mon père pour leur précieuse aide. Merci aussi à Vincent Doussinault de l'Arpe et Samuel Courget pour leurs précieux conseils. Et merci enfin à Pascal Lemoine des charpentiers du pays d'Auge, qu'a parfaitement joué le jeu et qui est intervenu fin août pour coller avec mes congés.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Bravo belle réalisation.
    Avez-vous déjà un retour d’expérience a faire quant à la performance de cette isolation?

    Comment avez-vous gérez la jonction avec l'angle de la facade? avez-vous des photos de cette partie?

    Merci d'avance de votre retour.

    Pierre

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